Cinq raisons pour ne pas voyager en Afrique (quoi que !)
Récit d’aventure des globe-trotters Caroline & Tom de Moto Morgana.
Quand nous avons commencé à planifier notre voyage il y a trois ans, il s’est avéré immédiatement que nous voulions le plus d’aventures possible dès le départ. Sortir de notre zone de confort, laisser tomber le luxe et aller à la recherche de l’ultime ‘kick’ en suivant des pistes où les autres touristes ne s’aventurent jamais. Et pour ce faire, quel continent est un meilleur choix que l’Afrique ?
Mais il existe beaucoup de clichés sur l’Afrique. Il y a sans doute des milliers de raisons pour ne surtout PAS y aller. Toutefois, notre expérience fut tout à fait différente. Notre voyage fut franchement génial et nous n’aurions pas pu rêver d’un meilleur début pour notre tour du monde. Mais qu’en est-il vraiment de ces clichés ? Y-a-t-il vraiment tant d’arguments pour ne pas y aller ?
Voici les 5 clichés les plus courants, qui font que l’on n’ose, ne peut, ne doit jamais voyager en Afrique :
« Tu ne pourras pas communiquer avec les gens »
Image classique : le touriste en Afrique s’exprime dans un français ou anglais le plus enfantin possible en gesticulant sauvagement pour se faire comprendre des indigènes. Ces Africains jacassent tous dans une langue incompréhensible, non ? Eh bien, non ! Beaucoup d’Africains parlent – à part leur langue africaine incompréhensible – souvent aussi le français, l’anglais ou le portugais. C’est un héritage de la colonisation, mais qui rend le voyage beaucoup plus facile.
Heureusement, nous nous débrouillons assez bien en français et en anglais, ce qui fait que nous trouvions même dans les plus petits villages un indigène avec qui nous pouvions avoir une vraie conversation, raconter des blagues ou demander de l’aide si nécessaire. En Angola et au Mozambique, le portugais était un défi, mais quand on montre un peu de bonne volonté, la plupart des gens sont tellement charmés qu’ils font de leur mieux pour s’exprimer et pour comprendre. C’est d’ailleurs la meilleure manière d’apprendre une langue étrangère. « Eu falo um pouco de português ! »
« Tu te feras violer, tu seras pris en otage ou tué »
Si l’on en croit le ministère des affaires étrangères, la plupart des pays africains sont des régions orange (risque élevé) ou même rouge (absolument à éviter). Si nous nous étions fiés à ces avis, nous aurions mieux fait de rester à la maison. La Mauritanie, le Mali, le Nigéria, les Congos et même l’Afrique du Sud, tous sont à éviter. Ce que nous avons fait, c’est parler avec les indigènes, les gens qui vivent et travaillent effectivement dans les régions que nous voulions visiter. Ces gens donnent toujours un avis honnête, même si cela dépeint un portrait négatif de leur pays ou région. C’est ainsi que nous avons visité « Le Pays des Dogons », quoi que ce soit une zone soi-disant interdite à ce moment-là. Absolument un des points culminants de notre voyage, tellement splendide !
Nous avons été confrontés à d’innombrables contrôles policiers et postes frontières et à chaque fois, on nous a demandé de l’argent. Un cachet sur le passeport ? Cela fait 10 dollars… sous la table bien-sûr. Il y a toujours une manière de s’en sortir. Parfois il suffit de s’assoir pendant une demi-heure, montrer qu’on a de la patience. Nous n’avons jamais payé et après un certain temps, c’est devenu un jeu. Qui va céder en premier ? Nous le prenions avec humour.
Nous avons gardé de bons souvenirs de la plupart des pays : des gens aimables, chouettes, souriants qui sont toujours prêts à aider et qui sont aussi curieux de nous que nous d’eux. Et non, en ces 9 mois en Afrique, nous n’avons jamais ressenti d’insécurité, jamais !
« Tu vas mourir de faim »
L’Afrique est pauvre, non ? Mais c’est beaucoup plus qu’un tas de gens affamés autour de quelques cabanes de paille. Dans tous les pays que nous avons visités, il y avait de la nourriture. Une pâte de manioc ou de maïs, cela se trouve partout, car c’est bon marché. De la viande aussi, on en trouve partout, bien que nous ne soyons pas toujours prêts à la manger. Nous sommes ouverts à presque tout dans le domaine culinaire,
mais le singe… ça dépassait les bornes. Cet animal qui nous regarde, ces mains et ces doigts… Cela ressemblait tellement à un humain qu’on ne pouvait le manger.
Dans la plupart des régions, les légumes ne sont pas très populaires, ce qui nous obligeait souvent à de longues recherches dans les petits marchés locaux. « Vous avez des légumes » ? « Bien-sûr : du riz, des pâtes, des œufs, du poulet, du poisson… » Apparemment, tout ce qui n’est pas de la viande rouge est un légume.
Il n’y a pas beaucoup de variation non plus, donc honnêtement : ce n’était pas un voyage gastronomique. La plupart du temps, nous cuisinions nous mêmes sur notre petit feu. Délicieux et sain !
« Tu tomberas gravement malade »
Il y a beaucoup de chances de tomber malade pendant un long voyage comme le nôtre, autant qu’à la maison. Un rhume ou une petite grippe de temps à autre n’est pas une exception, hein ? Mais… il y a d’autres maladies.
La malaria est probablement la plus connue et la plus courante. Bien que nous nous protégions bien dès le départ – en prenant des médicaments, en vaporisant du spray contre les insectes, en dormant sous une moustiquaire – Tom a quand même souffert deux fois de paludisme. Ce n’était pourtant pas la saison des moustiques, donc il a vraiment eu de la malchance. Est-ce tellement grave ? Pas vraiment, à condition de consulter un médecin le plus vite possible. Les symptômes les plus visibles sont l’extrême fatigue, des douleurs articulaires, des maux de tête et de la fièvre bien-sûr. Après trois jours de médicaments et de repos, il enfourchait à nouveau sa moto.
La nourriture aussi peut causer des problèmes. Les aliments et les normes hygiéniques en Afrique Occidentale et Centrale sont complètement différents de chez nous. Il vaut mieux ne pas regarder dans la cuisine sous peine de perdre l’appétit. Un bon conseil : manger là où beaucoup d’indigènes mangent, pour être sûr que la nourriture est bonne et fraîche. Mais oui, même en suivant bien notre propre conseil, nous avons tous les deux eu la salmonelle. Le médecin nigérian nous a donné tellement de médicaments que toutes les bêtes dans notre corps en sont certainement mortes.
A la frontière avec le Swaziland, on nous a offert des préservatifs gratuits contre le SIDA avec le cachet dans notre passeport. Il y a aussi le dengue et d’autres parasites, mais les médecins locaux connaissent souvent le bon remède pour guérir en peu de temps. Et l’Ebola ? C’est tellement rare que nous ne nous sommes vraiment pas fait de soucis à ce sujet.
« Tu seras déchiqueté par des animaux sauvages »
Des animaux sauvages, il y en a partout en Afrique et certains d’entre eux peuvent être dangereux. Pense aux éléphants, aux léopards, aux lions, aux hippopotames…
Mais tant qu’on ne fait rien de stupide, comme nager dans un fleuve plein de crocodiles ou câliner un babouin, il y a peu de chance qu’ils attaquent ou te prennent pour leur snack préféré. La plupart des animaux ne sont pas friands de chair humaine, donc quand ils attaquent, c’est presque toujours pour se protéger. Nous avons vu des hippopotames qui broutaient à côté de notre tente, des lions qui venaient y renifler et des éléphants à 20m de nous sur la route. La plupart du temps, lorsqu’on reste calme et silencieux, il ne se passe rien.
Beaucoup plus dangereux que ces animaux, ce sont les troupeaux qui traversent la route. Les chèvres et les moutons sont prévisibles, ils s’en vont le plus vite
possible. Les cochons courent dans tous les sens, ne sachant pas où aller. Les vaches sont bien organisées : une ou deux vaches bloquent la route pour que les autres puissent traverser en toute tranquillité. Les chiens chassent les motos et les poursuivent en aboyant très fort. Les chameaux par contre sont un vrai cauchemar. Ils attendent au bord de la route jusqu’à ce qu’on arrive et décident de traverser à ce moment-là, très lentement et avec un regard de « Quoi, qu’est-ce que tu regardes ? ».
La chance d’être déchiqueté par un animal sauvage est donc plutôt mince, celle de heurter un animal qui traverse la route est beaucoup plus grande.
Je pense que c’est clair : dans la plupart de cas, les clichés doivent être très nuancés ou même complètement réfutés. L’Afrique fut – pour nous en tous cas – magnifique ! Bon voyage !