Mon Spo(r)t : Maximilien Drion, le plus suisse des trailers belges
800 kilomètres, voilà ce qui sépare Rixensart en Belgique de Vercorin en Suisse. Quelques heures de route entre deux univers que tout oppose. Un saut de puce pour Maximilien Drion, le plus suisse des trailers belges. Ou le plus belge des Valaisans.
Maximilien Drion est né à Uccle, a vécu à Ixelles et à Lasne et est aujourd’hui domicilié à Rixensart. C’est pourtant dans le chalet familial de Vercorin que Maximilien passe désormais le plus clair de son temps. Depuis le balcon, on a une vue imprenable sur le Val d’Anniviers. Face à lui, l’immensité du Weisshorn, qui avec ses 4.506 mètres, constitue l’un des plus hauts sommets des Alpes suisses. Visible du balcon aussi, une partie du parcours de Sierre-Zinal, la course de montagne de référence qui alimente les rêves et nourrit la motivation du jeune sportif de haut niveau.
Maximilien est aussi habile sur les skis qu’efficace baskets de trail aux pieds. « Depuis tout petits, nous venions ici aux sports d’hiver et parfois même l’été. Quand mes parents ont décidé de s’installer ici, pour ma petite sœur et moi, c’était comme partir en vacances toute l’année. Vercorin, c’est la Suisse authentique. Un village de 600 habitants où tout le monde se connaît et se salue. C’est une station-village, bien loin des grands domaines skiables. C’est un endroit pittoresque au charme fou. »
En 2008, les parents de Max décident d’y poser les valises familiales. Lui n’a alors que 10 ans. L’adaptation est rapide grâce aux cours de ski auxquels Maximilien s’inscrit via le club des sports local.
Des piquets d’abord. Et ensuite du ski alpinisme (la version sportive du ski de randonnée, NDLR) au hasard d’une initiation organisée par un entraîneur du coin. Pour le petit belge discret, c’est une révélation. « J’ai toujours été actif et sportif quand je vivais en Belgique mais je ne courais pas avant d’arriver en Suisse. Je faisais du tennis une fois par semaine et de la gym. Mais pas de sport d’endurance. Quand j’ai découvert ça, j’ai tout de suite accroché et eu envie de continuer. »
La suite, c’est une progression fulgurante, empreinte de jusqu’au boutisme et de pugnacité pour s’imposer dans un milieu fermé, d’autant plus quand on est belge. « Ça a parfois été un désavantage parce que je n’accédais pas aux facilités offertes aux skieurs suisses par exemple. Mais c’est une fierté et une évidence pour moi de courir pour la Belgique parce que je me sens totalement belge, de par mes origines, ma famille, mon ADN. Et cela même si je vis une grande partie de l’année en Suisse. Maintenant, je suis reconnu comme sportif de haut niveau auprès de l’Adeps et je bénéficie de facilités pour m’entraîner. C’est devenu un peu plus simple. Chaque année, je planifie quelques courses en Belgique avant l’été pour peaufiner ma préparation estivale. J’adore les trails en Belgique, les traversées de rivière, les parcours très cassants qui imposent beaucoup de relances. Mes endroits préférés pour courir ? Le Ninglinspo, la région de Bouillon, les Hautes-Fagnes et la région d’Aywaille. Plus tous ceux que je n‘ai pas encore eu la chance découvrir. »
Aujourd’hui, cet étudiant en dernière année de management à l’université de Lausanne pratique le ski alpinisme l’hiver et le trail l’été, à raison de 15 à 30 h par semaine en fonction de la période de la saison. Près de 300.000 mètres de dénivelé positif par an. 700 heures d’entraînement sur l’année.
« Ici, le terrain de jeu est infini. J’ai l’habitude de dire que sur une saison, je n’emprunte jamais exactement le même parcours lors de mes sorties, aussi bien en course à pied qu’à skis. J’adore explorer, découvrir et tenter de nouveaux itinéraires. Les possibilités sont illimitées. Mon spot favori, c’est le vallon de Réchy, une réserve naturelle préservée et hyper sauvage. Je peux par exemple enchaîner 20 kilomètres en équilibre sur des crètes entre 2.500 et 3.000 mètres d’altitude et y passer plusieurs heures par jour sans jamais me lasser. C’est à chaque fois une nouvelle expérience. » Une vie sur les crètes, à gambader sur les sentiers emmenant dans sa foulée légère et bondissante Emmy, sa fidèle et infatigable Rouge de Bavière qui le suit partout, quelles que soient les conditions.
Une passion de la montagne chevillée au corps. Une vie simple mais aussi pure que les paysages qui constituent le terrain de jeu de Max. « Je me sens libre et humble là-haut. On se sent insignifiant face à ces montagnes qui seront toujours plus grandes et plus fortes que nous. Il faut beaucoup de respect pour aller là-bas. Pour prendre du plaisir tout en évitant l’accident. » Plus de 300 jours par an dehors, à crapahuter, skis ou baskets aux pieds, à faire monter les pulses et à se faire chauffer les cuisses. « J’aime cette sensation du cœur qui tape fort dans la poitrine, de l’acide lactique qui paralyse les bras et les cuisses. L’hiver, j’aime ce froid qui fouette le visage et qui fige la mâchoire. Je sens que j’existe. Je sens le froid et le vent, donc je suis. C’est un peu ça ma philosophie. »
Avec un rêve de gosse en guise de leitmotiv. Les Jeux Olympiques de 2026 à Milan-Cortina où pour la première fois le ski-alpinisme intégrera le programme olympique. Maximilien Drion s’y voit déjà. « Pour défendre fièrement les couleurs de la Belgique face aux grandes nations des sports de montagne. Mais aussi pour tenter d’y briller. »
Maximilien Drion
- 24 ans
- Spécialiste du ski alpinisme et du trail
- Une victoire en coupe du monde (épreuve « Verticale ») en 2021
- 3e des championnats d’Europe 2022 (épreuve « Verticale »)
- Champion de Belgique de trail court 2022