La traversée du Lac Baïkal à vélo – Stéven Le Hyaric
04/04/2020 – Article rédigé par Stéven Le Hyaric, aventurier.
« ll y a un mois, je quittais l’aéroport Charles de Gaulle en compagnie de Perrine Fages, athlète en ultra endurance, en direction d’Irkoutsk, en Russie.
L’objectif de ce projet était de traverser du nord au sud le Lac Baïkal (Sibérie) sans assistance.
Le Lac Baïkal
Le lac contient à lui seul 20% des réserves d’eau douce de la planète ce qui en fait la plus grande réserve d’eau dans le monde. Le Lac Baïkal est aussi le plus ancien et le plus profond de tous les lacs du monde : 700 kilomètres de long et 80 kilomètres de large, avec des fonds à plus de 1 600 mètres.
Il règne une atmosphère particulière sur le Baïkal, subtil mélange de matières et de lumières. Cette magie des atmosphères est absolument déroutante pour tous ceux qui y ont posé leurs pieds.
Comme tous les coins de paradis, il est nécessaire de le protéger. Cette expédition est aussi l’occasion pour moi de vous dévoiler les mystères du Lac Baïkal.
La préparation du projet Baïkal
Cette aventure sibérienne aurait pu ne pas avoir lieu à cause de problèmes d’acquisition des visas, d’acheminements de matériel, la pandémie approchant (et personne à ce moment-là n’aurait pu prédire les conséquences qui ont suivi), le financement, etc… Mais, nous avions mis tellement d’énergie et d’envie d’être sur ce lac sur deux roues que rien ne pouvait réellement l’empêcher.
L’énergie déployée en amont a été proche de celle que j’ai pu mettre en œuvre pour relier Paris-Dakar l’an passé avec l’utilisation notamment d’un vélo spécifique en vue d’un objectif polaire un peu plus lointain cette année à condition, évidemment, que les choses se débloquent.. Ensuite il ne restait qu’à pédaler ou presque.
La logistique mise en place par les amis de Baïkal Nature, les conseils du couple Dominique Bleichner / Elodie Arrault ont été vraiment clés 🙏
L’équipement idéal
Le matériel sélectionné pour cette aventure sur le Lac Baïkal a fait l’objet de 1000 réflexions. Il me fallait un vélo résistant, stable sur la glace et neige et capable de tenir le chargement et les températures glaciales. Le choix du fatbike s’est donc avéré indispensable.
Mon vélo a été préparé par mon ami Francis des cycles MLines Bikes et grand spécialiste du Fat en France. Pour l’accroche et la stabilité, j’avais opté pour des pneus de 5 pouces à clous et des pédales Look. J’ai également opté pour des chaussures spéciales 45NRTH, selle idéale, porte bagages acier, prolongateurs FARR, poggies Barmitts, lunettes et masque Bliz, cuissards, matériel alpinisme de base, casque Urge, une tente Samaya 1.2kg 2-3 personnes. Enfin, des pochettes Restrap pour porter mon équipement pour les journées et les nuits sur le lac.
Mon vélo maintenant totalement adapté à mes besoins, il me fallait un équipement de navigation fiable et résistant aux températures exceptionnellement basses. Sous les conseils des équipes Garmin France, j’ai installé un GPSMAP 66i ainsi qu’un eTrex 32x directement sur mon guidon pour la navigation.
L’aventure
Au jour 1, j’ai été malheureusement percuté par une voiture arrivant d’en face après 50km sur le lac, je m’en suis sorti avec un porte bagages + bagages Restrap cassés. Demi tour pour aller à Severobaikal réparer ce qui était réparable.
Retour à la case départ avec 70km au compteur. Touché mais jamais coulé, chaque chose n’arrive jamais par hasard.
Ensuite, durant ces 8 jours de traversée, j’ai souffert, on a souffert. On a aussi souri, beaucoup. On a pleuré, parfois. On a partagé, vécu. On a communiqué, on s’est engueulés. On a avancé, coûte que coûte. Parfois dans des conditions dantesques.
« Le Baïkal est sans pitié » m’a-t-on répété avant mon départ. « You are sure to be ready for that ? » me disait un photographe russe spécialiste du lac au moment de nous élancer dans l’inconnu.
Oui, j’étais prêt. J’étais beaucoup moins prêt que je pouvais l’être pour une longue expédition ou ce qui m’attend à la fin de l’année mais j’étais prêt à ça, nous étions prêts.
La réalité du Baïkal change tous les jours : neige, pluie, grêle mais aussi glace, fébrile ou brisée. Le Baïkal est vivant et c’est ce qui rend cette traversée intéressante.
J’ai apprécié chaque jour de cette traversée, chaque seconde. Perrine m’a soutenu, j’ai soutenu Perrine, nous avons communiqué constamment pour que rien de grave n’arrive.
Hormis une petite chute la dernière nuit, une brisure de glace sous la tente à la 3ème nuit et un gros coup de froid le jour de la tempête, tout s’est bien passé. Nous avons évité presque tous les pièges du Baïkal. C’était sans compter cette neige omniprésente qui a ralenti de moitié notre progression.
Nous nous sommes accrochés, avons pu gérer et anticiper les dangers grâce en partie à la technologie (merci Garmin et ton GPSMAP 66i, t’es un super pote désormais).
Alors, encore une fois, j’aimerais tous vous remercier.
Vous remercier pour ce que vous êtes.
Vous remercier d’encourager ce genre de projet.
Remercier 1000 fois mon équipe : Perrine, Pierre-Jean, Anthony.
Remercier également mes partenaires qui sont présents pour moi pendant cette période compliquée pour les entreprises.
Remercier mes amis également qui supportent mes humeurs en préparation d’aventure.
La suite
La suite ?
Du travail, beaucoup.
Ce confinement change un peu les plans initiaux mais cela fait partie du jeu.
C’est la règle et la meilleure idée de rester chez soi et c’est une belle opportunité de travailler sur ce qui avait été laissé de coté jusque là.
Entre la reprise de l’écriture, le travail sur de futurs projets documentaires et la préparation du projet 666, ce n’est pas le travail qui manque. Je vais m’accorder quelques moments pour m’entraîner à l’intérieur chaque jour, l’occasion de refaire des bases de préparation physique générale mais aussi spécifique car j’ai manqué de puissance par moment sur le Baïkal et ça ne me plaît guère.
Après le confinement, je vais me tester sur un ou deux projets Ultra endurance en France où à l’étranger selon les nouvelles mesures en vigueur. Nous allons organiser aussi quelques conférences et diffusions de mes films en France et à l’étranger quand ce sera possible.
Enfin, comme je le fais souvent, j’aimerais dire à chacun de vous de continuer, de ne jamais lâcher vos rêves de vue et d’en réaliser quelques-uns, d’aller toujours à la découverte de l’autre.
Soyez libres et heureux d’être en vie.
La vie est belle,
Stéven »
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