L’e-VTT n’est pas pour les peureux
Les vélos électriques sont une grande tendance dans le monde du cyclisme en ce moment, et ils ne s’adressent pas seulement aux cyclistes occasionnels ou aux touristes. Les cyclistes professionnels participent également à des courses de vélos électriques. Jeroen van Eck est un de ces athlètes, un cycliste professionnel e-VTT de l’équipe CST PostNL Bafang VTT Racing Team, une des équipes de VTT d’élite de l’UCI les plus réputées au monde.
Pourquoi l’e-VTT ?
Van Eck, à 28 ans, adore expérimenter la nouveauté avant tout le monde. Il y a des années, il a cru au nouveau concept de Cross-Country Eliminator (XCE) et, il y a deux ans, il a commencé à courir dans la catégorie e-VTT – non sans succès ! En compétition XCE, il a remporté deux fois la Coupe du monde et est devenu double champion d’Europe. En 2021, il a également remporté la Coupe du monde e-VTT. Mais pourquoi un cycliste professionnel choisirait-il de courir sur un VTT électrique ?
« J’étais moi aussi sceptique avant ma première sortie sur un e-VTT, » admet van Eck. « Pourquoi devrais-je le faire, et que vont penser les gens ? Moi, un athlète professionnel, sur un vélo électrique ? Mais après quelques tours, je me suis dit : ‘La vache, c’est cool !’. Ils penseront ce qu’ils veulent, mais je vais faire des courses en vélo électrique ! ». Il croit en l’avenir et au concept de course de vélos électriques. « Je veux changer la perception que les gens ont des vélos électriques. Il n’y a qu’une seule façon de le faire : les rendre cools et sexy. »
Quelle est la différence entre un VTT normal et un e-VTT ?
Il suffit d’ajouter un moteur et une batterie à un vélo de montagne et le tour est joué, non ? Pas tout à fait. Le poids du vélo augmentant considérablement avec la mécanique supplémentaire (les vélos électriques peuvent peser entre 20 et 24 kg au total), il faut des freins plus gros pour l’arrêter. Le débattement est également plus long, et les pneus sont plus robustes et plus larges. N’oubliez pas que la vitesse maximale des vélos électriques est réglementée à 25 km/h et qu’il en va de même pour les e-VTT. On peut penser que ce n’est pas très rapide, mais sur les sentiers très techniques de l’e-VTT, on n’atteint presque jamais cette vitesse.
Selon van Eck, vos randonnées en VTT vont totalement changer avec un modèle électrique. L’avantage qu’offre cette puissance supplémentaire ne tient pas seulement au fait de rouler plus vite, mais de pouvoir monter des côtes plus facilement. Pendant un entraînement impliquant de gravir une montagne, vous pourrez désormais en gravir une deuxième, voire une troisième, au cours de la même randonnée. En bref, vous en ferez nettement plus pendant une même sortie.
« Même sur une piste plate, l’expérience est totalement différente. Vous allez plus vite dans les virages et plus vite en montée et en descente. Vous verrez, la piste devient complètement différente, et c’est uniquement dû à l’augmentation de la vitesse et au défi qui en découle, » explique van Eck.
La course avec un e-VTT
D’accord, jusqu’ici tout semble assez simple, mais comment la puissance supplémentaire de ces monstres électriques affecte-t-elle les courses ? Van Eck explique que les courses e-VTT sont techniquement plus exigeantes et plus rapides que les courses VTT standard. Quand, sur un vélo de cross-country, vous montez une côte à 5 km/h, par exemple, vous montez cette côte à 15 km/h. Cela signifie que vous devez être plus attentif et plus concentré, ce qui rend la course plus difficile mentalement. Ne commettez pas l’erreur de penser que ces courses ont moins d’impact sur votre corps, comme le montre clairement l’écosystème Garmin complet qu’utilise van Eck.
Lors des courses, il utilise le très compact compteur de vélo Edge® 130 Plus pour suivre ses données, et en entraînement, il utilise le Edge® 830 pour importer ses programmes d’entraînement depuis TrainingPeaks et pour ses itinéraires lorsqu’il est à l’étranger. En plus des capteurs de puissance Rally™ XC 200, il porte également une Forerunner® 745 pour suivre son sommeil et ses autres activités en dehors du vélo.
Si l’on regarde ses statistiques lors d’une course de la coupe du monde e-VTT, sa fréquence cardiaque moyenne est toujours de 182 bmp, ce qui équivaut pour lui à une course de cross-country. La raison de ce résultat ? Ses jambes doivent peut-être produire moins de puissance, mais il utilise plus d’énergie dans la partie supérieure de son corps pour contrôler la puissance et le poids du vélo. En parlant de puissance : la puissance de pointe de van Eck est de 2 200 watts, ajoutez à cela 500 watts de puissance de pointe du moteur, et vous comprendrez à quel point cette catégorie est puissante et rapide ! Et oui, ces courses font toujours s’affronter plusieurs coureurs – tous les vélos ont à peu près la même puissance. Donc si vous voulez aller plus vite que votre adversaire, vous devrez y mettre plus de puissance physique. En d’autres termes, comme dans toute course de VTT, il faut pédaler plus vite.
L’e-VTT comprend de nombreuses disciplines, mais l’enduro est de loin la plus populaire. Tandis que l’on prendrait normalement les remontées mécaniques pour ensuite dévaler les pentes avec un VTT, on peut maintenant grimper sur les pentes à l’aide d’un moteur électrique. Concrètement, ce trajet fait aussi partie de la course. Désormais, il faut d’abord conquérir une piste de montée très technique avant de commencer la descente.
Il existe ensuite des courses e-VTT orientées vers le cross-country. C’est la catégorie à laquelle van Eck participe. Dans ces courses d’une heure, les cyclistes professionnels partent tous ensemble sur un tour de 2,5 à 3 km. « Ces tours sont un peu plus courts qu’une course de cross-country, mais ils sont très, très techniques. Bien plus que n’importe quelle coupe du monde de cross-country ; c’est vraiment d’un autre niveau, » explique le cycliste néerlandais. « Comme ces vélos ont un débattement plus long, 150 mm contre 100 mm pour un vélo de cross-country moyen, les parcours peuvent être beaucoup plus techniques. Imaginez que vous montez un sentier de randonnée escarpé jonché de racines d’arbres et de rochers sur lesquels vous devez sauter. Ces montées peuvent prendre de 2 à 5 minutes, avec parfois des pentes de 20 à 23 %. Physiquement, c’est très exigeant et lorsque vous avez atteint le sommet, vous avez droit à une descente de type enduro avec des sauts et des chutes. Souvent sur des pistes inexistantes parce qu’ils ont littéralement mis du ruban adhésif entre deux arbres ! ». Jeroen s’attend à ce que la classe e-VTT se développe beaucoup à l’avenir. « Le fait que l’UCI ait adopté l’e-VTT en dit long. Je ne m’attends pas à ce que la catégorie devienne aussi importante que le cross-country, mais l’e-VTT est là pour de bon. En plus, des développements techniques impressionnants se préparent et rendront ce sport encore plus passionnant, » conclut van Eck.
Les principaux pièges lors d’une première sortie sur un e-VTT
L’e-VTT vous tente ? Génial ! Mais avant d’enfourcher un vélo aussi puissant, van Eck vous donne quelques conseils pour ne pas passer pour un imbécile lors de votre première sortie :
- Ne mettez pas tout de suite l’e-VTT en mode turbo complet car vous deviendriez un passager du vélo. Commencez par le mode normal ou éco afin de vous habituer à la puissance supplémentaire.
- Un e-VTT est au moins 50 % plus lourd qu’un VTT standard (parfois même le double). Cela exige une approche différente pendant le trajet : vous devez travailler davantage avec le haut de votre corps dans les virages, lorsque vous sautez par-dessus des rondins et des rochers, etc.. En fait, il s’agit davantage de faire travailler le tronc que de simplement pédaler avec les jambes.
- En raison du poids supplémentaire du vélo, freiner dans un virage est très différent. Assurez-vous de freiner plus tôt.
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