Sebastien Camus, 2ème de la Diagonale des Fous, revient sur sa course
Le déroulement de cette édition 2015 de la Diagonale des Fous a été quasiment parfait pour moi, quasiment car j’aurais tellement aimé passer cette ligne avec mon frère avec qui j’ai parcouru les 100 premiers kilomètres et qui m’a permis de me retrouver en bonne position pour aller chercher cette incroyable 2nd place.
Dans les Ultras, il y a des hauts et des bas et ce que je trouve exceptionnel c’est la façon dont on peut passer de l’un à l’autre, ceci en quelques secondes car c’est le temps qu’il m’a fallu pour me transcender et me relancer à la sortie du ravitaillement de Roche Plate au pied du Maïdo. Arrivée sur ce poste nous étions complètement rincés avec Sylvain, exténués et vidés malgré la 4ème place du classement devant nous…Une bonne petite pause, je retourne voir mon frère qui me dit qu’il va avoir du mal à repartir et qu’il pense arrêter au sommet.
Je prends conscience à ce moment que ma course est en train de se jouer et qu’il faut que je réagisse.
Le fait de me retrouver seul me donne des ailes car je veux absolument un résultat sur cette course pour clôturer une période difficile et une saison en beauté. Je vais puiser de l’énergie dans mon entourage, mes amis, ma famille, qui me suivent au bord du sentier ou derrière leur écran.
Je me sens repartir et de plus belle.
Je double les concurrents qui m’avaient rattrapé lors de mon stop au ravito, je prolonge mon effort et me retrouve à seulement 2mn de la seconde place.
J’y crois. Il faut que je le fasse, c’est le moment !
Je porte une ultime accélération pour terminer la dernière ascension du Maïdo. Je pointe maintenant à la troisième place, sûr de faire une belle surprise à mon assistance qui m’attend au sommet. L’euphorie de ces moments est indescriptible, et il est important de canaliser cette énergie pour aller au bout car il reste encore un peu moins de 60km à parcourir et il peut tout se passer.
Je me lance à toute vitesse dans la descente pour aller chercher la 2nd place, à fond dans toutes les relances, sur un rythme soutenu jusqu’au bout, je connais cette fin de parcours qui est exigeante et sur laquelle il ne faut surtout pas faire d’erreurs. Les minutes fondent, je suis second, la premier place et encore à plus de 20mn. Même si j’ai réussi à récupérer plus de 20mn je dois encore garder en tête qu’il faut continuer de forcer pour ne pas voir Freddy Thevenin l’actuel 3ème me revenir dessus et surtout essayer d’aller chercher Antoine Guillon pour la première place.
J’enchaine les sections, les unes après les autres, la ferveur du public me pousse à toujours maintenir mon allure pour espérer une victoire mais je sens qu’Antoine ne lâche rien devant et il maintient le même tempo que moi.
La course est quasiment terminée, il ne me reste plus que la descente du Colorado à faire. Une descente extrêmement technique pour terminer ce parcours de 165km et plus de 10 000m de dénivelé positif. J’ai hâte de passer cette ligne, douteux jusqu’au bout, je n’y croirai qu’une fois l’entrée du stade devant mes yeux. Cela fait plus de 24h30 que je suis parti, je vois enfin ce stade de la Délivrance qui porte bien son nom, je me relâche, je profite et je franchi cette ligne d’arrivée avec une émotion intense. Toutes ces émotions que j’ai contenu durant la course pour éviter qu’elles ne viennent me perturber se voient libérer en quelques secondes. Ce plaisir est difficilement descriptible et certainement incomparable. Le bonheur se défini ainsi. Après tant de concession, de travail, aboutir à cela est juste exceptionnel !
Vivement la prochaine ;-)